Musiciens touche-à-tout de la compagnie EZIKA, Julien Lot et Denis Lemoigne se font un malin plaisir à mettre la musique et le son en espace.
Avec ce concert intimiste de musique live, ils vous invitent à votre propre voyage au gré de l’éventail des paysages musicaux qu’ils déploient via votre casque audio au creux de vos oreilles, en se lançant pour défi de transformer votre transat en tapis-volant.
Leur patchwork de compositions musicales hétéroclites tissé comme un cocon vous enveloppe dans un espace-temps préservé, pour une expérience sensorielle et un aller/retour vers soi, et vers les autres…
Les instruments acoustiques, électriques et électroniques joués en direct viennent se superposer aux bandes-sons composées et pré-enregistrées, pour offrir de multiples couleurs au répertoire (post-rock, rock progressif, dub, slam, folk), constitué de morceaux instrumentaux et de morceaux parlés et/ou chantés, avec des textes originaux ou empruntés à René Char, Hemingway…
Démarche & mise en forme
Cette proposition découle d’un travail entrepris dans les autres projets de la compagnie, qui placent le son et l’écoute aux confluences des sphères privée et publique.
Par cette forme de concert, la compagnie désire aborder la création musicale par le prisme de l’intime, dans un dispositif sonore qui privilégie le confort et la qualité d’écoute, la mise en éveil des sens, et qui invite au voyage personnel en re-visitant les notions de “être à soi“ et “faire partie de“.
La scénographie chaleureuse est pour l’essentiel composée de chaises longues en bois qui accueillent confortablement les spectateurs et d’une toile cotonneuse faiblement éclairée, tendue au dessus-de leurs têtes, qui vient les envelopper et les inviter au lâcher-prise et à la rêverie.
Pour parfaire ce voyage de sensations, les auditeurs profitent également d’un coussin et d’une boisson chaude ou froide selon la saison.
Origines & intentions
J’ai souvent éprouvé une sensation d’isolement et d’enfermement par procuration à la vue de personnes évoluant dans l’espace public coupées du monde par des écouteurs rivés sur les oreilles. C’est un peu passé avec le temps et l’habituation forcée par l’avènement des contenus multimédias en ligne présents sur les smartphones et autres tablettes : l’écoute individuelle ne semble plus être aujourd’hui un “délit de fuite“ ; elle s’est au contraire imposée comme un norme dans la façon d’être au monde et a envahi notre espace privé et public.
Au gré de déplacements urbains, j’ai réalisé un jour que ce qui m’interpelait n’était pas tant qu’un.e passant.e ou un.e usager.e de transport en commun écoute un contenu sonore, mais plutôt qu’il.elle l’écoute reclus;e, sans le partager avec son entourage immédiat.
Après cette révélation tardive, je me suis souvent demandé, dans nombres de situations similaires, ce qui pourrait se passer si ces armées de casques solitaires diffusaient le même contenu au même moment, au même endroit.
J’ai alors fantasmé les chorégraphies publiques les plus folles, les chants choraux les plus puissants, les ralliements les plus prometteurs pour le vivre-ensemble.Chaque membre du projet a par ailleurs pu expérimenter de multiples propositions artistiques en tant que spectateur.ice casqué.e au sein d’un groupe : dance-floor, théâtre en espace public, danse en espace naturel, cinéma en plein air, etc.
Nous avons à chaque fois fait ce constat implacable : la sensation de bien-être et de “cocon“ provoquée par l’écoute individuelle ramène tellement à soi qu’elle en arrive à repousser les barrières psychologiques et sociales ; en cela, elle permet une connexion aux autres écoutant.e.s plus libérée et sincère, dans une vague de des-inhibition collective. Le sentiment de partage et de vivre le même moment ensemble est alors décuplé, vertigineux et laisse des traces indélébiles… et porteuses d’espoir.
C’est dans ce voyage de sensations, ce moment pour soi et avec les autres que nous souhaitons embarquer nos auditeurs, grâce à notre dispositif sonore et scénographique et notre création musicale jouée en direct sous leurs yeux ébahis ou fermés.
Julien Lot, musicien et directeur artistique